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Moi, insensible et cynique. Suis-je un psychopathe ?

Avez-vous cliqué sur ce titre pour en savoir plus sur votre éventuelle psychopathie ou votre sérieux problème de socialisation ? La réponse est… sans d’autres signes, probablement pas. Par contre, ce que je peux vous révéler, maintenant que vous êtes là, c’est qu’on va parler alexithymie. Vous ne savez pas ce que c’est ? Continuez à lire !

Vous avez certainement remarqué qu’un des sujets très présents dans les médias et les réseaux sociaux en ce moment, c’est l’hypersensibilité. Je ne suis pas du tout favorable à cette appellation pour parler des personnes qui ressentent les émotions puissance 1000. Il y a tellement mieux pour en parler : ultra-sensibilité, haute sensibilité, des expressions qui évitent le caractère excessif (donc implicitement désagréable) de cette aptitude. Si vous êtes à la recherche d’informations à ce sujet, je vous conseille le site www.ultrasensibles.org et les ouvrages d’Elaine Aron en commençant par “Ces gens qui ont peur d’avoir peur”.

Le retrait émotionnel, on en parle ?

J’ai plutôt choisi de vous parler de l’inverse : l’apathie des émotions, la difficulté à exprimer ses ressentis, autrement dit, le retrait émotionnel. Cet article ouvre une série de textes à ce sujet que vous pouvez retrouver sur mon blog.

De quoi parle-t-on ? Certains d’entre nous – vous peut-être ? – ne réagissent pas de manière commune aux stimuli, que ce soit la peur, la colère ou même la joie ou le plaisir. On leur dit souvent qu’ils sont “flegmatiques” ou qu’ils ont beaucoup de sang froid. Je ne parle pas ici d’une absence complète de ressentis, d’empathie ou de culpabilité, qui seraient des signes de psychopathie (vous êtes aussi paranoïaque, asocial et de mauvaise foi ? 😱) mais d’une intensité plus faible des émotions. Ou, du moins, de leur expression, j’y reviendrai.

Les questions qu’on se pose souvent dans ce cas-là sont alors : ai-je toujours été comme ça ? pourquoi je fonctionne ainsi ? y a-t-il un moyen d’y remédier ?

Un comportement observé chez les nourrissons.

Les pédopsychiatres relèvent des signes de retrait émotionnel dès la prime enfance : « La peur, la tristesse et une augmentation du stress sont classés parmi [les contextes] qui sont liés au retrait. » (Margaret W. Sullivan. L’approche et le retrait dans le développement affectif des jeunes enfants, Dec 2011) Sans que ces observations caractérisent une tendance forte chez les nourrissons, on retiendra qu’un comportement de distanciation avec les émotions intervient déjà dès le plus jeune âge en réponse à des stimuli désagréables comme la peur ou le stress.

Un peu de Schizophrénie ?…

Le retrait émotionnel a été étudié sous plusieurs aspects. Je n’en présente que deux ici qui ont le mérite de décrire correctement les mécanismes en jeu.

Les psychiatres décrivent l’appauvrissement des émotions, une distance face aux réflexions, aux situations aux gens comme une composante de la schizophrénie. ALERTE ! Ce n’est pas parce que vous êtes en retrait émotionnel que vous êtes schizophrène ! On parle d’émoussement affectif, dans le sens où les ressentis sont presque atones, limite inexistants, y compris dans la motivation et la poursuite de buts personnels. C’est un état proche de la dépression.

Je vous présente l’alexithymie

photo of man wearing hooded jacket in front of body of water

La description qui me semble la plus proche du retrait émotionnel est appelée « alexithymie ». Etudié en 1972 par le psychiatre Peter Sifneos (1920-2008), il s’agit d’un « déficit de l’affect, une vie fantasmatique pauvre […], une tendance à utiliser l’action pour éviter les conflits et les situations stressantes, une restriction marquée dans l’expression des émotions et particulièrement une difficulté à trouver les mots pour décrire ses sentiments. »

La psychologue clinicienne Céline Jouanne relève qu’on aurait tendance à considérer cet état que dans sa dimension de déficit émotionnel alors qu’elle propose d’envisager l’alexithymie comme « un véritable processus adaptatif et non déficitaire » Autrement dit, cette forme de retrait émotionnel (plutôt sévère, il faut le dire), pourrait relever d’un réflexe de protection vis-à-vis de son environnement. C’est cet aspect que je vous propose d’approfondir concernant le retrait émotionnel chez les profils Haut Potentiel.

Le retrait émotionnel, une autre forme de décalage

Après toutes ces explications scientifiques, recentrons-nous sur la réalité du vécu chez les HPI qui se sentent à distance de leurs émotions. De quoi s’agit-il réellement ?

Ceux qui sont concernés décrivent des phases de temporisation dans leur réponse aux stimuli ou encore, une sensation de relative inertie pour une catégorie d’émotions, que ce soit la peur, la joie ou la colère. Pendant que son entourage réagit immédiatement à une blague ou à un événement, le HPI en retrait montre, lui, un comportement mesuré qui s’apparente à du sang-froid ou, carrément, à de la froideur. Il est alors immédiatement en décalage avec son environnement : « Ça ne te fait pas rire ? » ou « je ne comprends pas que ça te laisse insensible. »

L’autre caractéristique du retrait, c’est une réelle difficulté à poser des mots sur les ressentis. Non par incapacité à formuler mais par absence d’habitude à les décrire, à force de leur éloignement. Souvent, quand le HP exprime ses ressentis, le vocabulaire est plutôt banal et neutre, dans les tons pastels, alors qu’il ressent certainement une explosion de couleur à l’intérieur.

En conclusion, le retrait émotionnel, c’est comme si les émotions et les ressentis étaient dans une pièce éloignée à l’intérieur et que, non seulement, la porte ne s’ouvre pas facilement mais, en plus, il faut plus de temps pour qu’ils atteignent la surface.

Vous vous sentez concerné ? Vous voulez en savoir plus ?

Si vous vous retrouvez dans la description et que vous aimeriez en savoir plus, lisez les autres articles sur le blog. J’y parle des causes du retrait émotionnel, de sa réalité psychique pour ceux qui sont concernés et j’ose même quelques conseils pour les aider à sortir de la torpeur qui entoure leurs émotions. 

Et pour ceux qui aimeraient en parler, n’hésitez pas à me contacter par email ou à prendre rendez-vous.

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