Chez l’enfant à HPI, l’intensité émotionnelle n’est pas une option. C’est une trame de fond. Elle ne se manifeste pas toujours avec éclat. Parfois, elle déborde. Parfois, elle s’enfouit. Mais elle est toujours là. Présente. Vivante. Intransigeante.
Pour le parent, l’enjeu est double : accueillir cette intensité sans la nier et rester stable sans s’y engloutir.
Or, cet équilibre est tout sauf intuitif. Et il entre souvent en conflit avec les modèles éducatifs classiques, où les émotions de l’enfant sont perçues comme des obstacles, des caprices… ou des problèmes à régler.
L’émotionnel HPI n’est pas un bug
Quand un enfant HPI hurle, claque une porte ou s’effondre en larmes parce qu’un de ses chaussons est à l’envers, ce n’est pas un dysfonctionnement. C’est un signal.
Le monde sensoriel, relationnel et symbolique est souvent vécu avec une acuité extrême. Un mot, une injustice, un changement de plan ou une règle perçue comme incohérente peuvent déclencher un tsunami intérieur.
Et ce tsunami n’a pas besoin d’être rationnel. Il a besoin d’être entendu.
Le piège pour le parent, c’est de croire qu’il faut absolument calmer, rationaliser, ou faire redescendre la pression. Mais tant que l’émotion n’a pas été reconnue, elle reste en boucle. Et plus on cherche à l’éteindre, plus elle se renforce.
Quand le parent perd pied
Dans l’accompagnement des familles, un point revient souvent :
“Je comprends qu’il soit sensible, mais moi aussi j’ai mes limites.”
“Je gère, je gère, et puis un jour… je crie.”
“Je me sens envahi, impuissant, incompétent.”
Ce n’est pas un manque de compétence. C’est le reflet d’une absence de modèle adapté.
Accueillir l’émotionnel d’un enfant HPI nécessite des ressources spécifiques :
- une conscience de soi émotionnelle très fine,
- une capacité à prendre du recul sans se couper,
- une posture éducative qui ne cherche ni à sauver, ni à contrôler,
- et une certaine solidité intérieure.
Or, dans beaucoup de familles, les adultes eux-mêmes n’ont jamais été autorisés à ressentir. Ils ont appris à taire. À contenir. À s’adapter. Alors quand l’enfant vient mettre à nu ce qu’ils ont longtemps recouvert, la réaction peut être défensive, involontaire, violente ou coupante.
Il ne s’agit pas ici de juger. Il s’agit de nommer. Et de créer un espace pour faire autrement.

Trois leviers pour ne plus se perdre et accompagner son enfant HPI
1. Nommer sans dramatiser
Dire ce que l’on voit. Ce que l’on ressent. Sans y coller de jugement.
“Tu es très en colère.”
“Tu cries fort. J’ai besoin de calme. Je vais respirer à côté.”
“Je vois que c’est dur pour toi. Je suis là.”
2 . Réguler pour deux – mais pas à la place
Être un régulateur émotionnel, ce n’est pas se sacrifier. C’est montrer, par l’exemple, une manière d’exister dans l’émotion.
Respirer, poser sa voix, ralentir, garder une cohérence gestuelle.
Et parfois, dire : “Je ne suis pas prêt maintenant. Je te retrouve dans 10 minutes.”
3. Faire une place aux émotions différées
Certains enfants HPI sont experts du contrôle. Ils vont bien… jusqu’à ce qu’ils craquent. Créer des sas d’expression différée est essentiel.
Un carnet d’émotions.
Une “boîte à orages” dans laquelle on glisse ce qu’on n’arrive pas à dire.
Un moment rituel où on parle “du dedans”.
Et si ce n’était pas l’émotion qui dérangeait, mais notre impuissance face à l’intensité HPI ?
Accueillir l’émotionnel ne veut pas dire tout accepter. Cela veut dire valider ce qui se vit avant d’agir. Cela veut dire construire un cadre après avoir écouté.
Une parentalité atypique ne repose pas sur la tolérance infinie. Elle repose sur une conscience fine des enjeux invisibles. Parce qu’un enfant HPI apprend avant tout par l’exemple, chaque émotion du parent est un message implicite :
« Tu peux pleurer sans être rejeté. »
« Tu peux crier sans que je t’abandonne. »
« Tu peux être toi sans devoir me protéger.«
Et ça, c’est le début d’une vraie sécurité affective.
Questions pour aller plus loin :
- Avez-vous changé votre façon de réagir aux émotions de votre enfant depuis 1 an ? Qu’avez-vous changé ?
- Quelles sont vos émotions les plus difficiles à accueillir ?
- À quoi ressemblerait, pour vous, une scène de tempête émotionnelle bien gérée ?