Beaucoup de parents franchissent un jour la porte d’un cabinet pour faire passer un test WISC à leur enfant. Parfois sur conseil de l’école, parfois parce qu’ils sentent que “quelque chose se joue”. Puis vient le compte-rendu : des indices, des chiffres, quelques lignes d’interprétation. Et parfois, cette mention : HPI.
Le mot soulage, éclaire, rassure un instant. Puis le quotidien reprend. Comme avant.
Pourtant, c’est souvent là que le vrai travail devrait commencer.
Le test ne suffit pas à comprendre
Le WISC mesure des capacités cognitives, mais il ne décrit pas la manière d’être au monde. Il révèle des écarts, des équilibres, des fragilités, mais sans en donner le mode d’emploi. Ce n’est pas une étiquette, c’est une photographie partielle. Or, sans mise en perspective, ce cliché devient vite un document de plus dans un dossier.
Beaucoup de parents n’en tirent rien de concret. Parfois, parce que le compte-rendu est trop technique, mal expliqué ou parce que l’enfant va bien : il réussit, il s’adapte, rien ne semble urgent. Parfois aussi, les parents ont peur, peur d’ouvrir un sujet qu’ils ne maîtrisent pas, peur de ne pas savoir quoi en faire. Peur, aussi, de ranger leur enfant dans une case, de le limiter à une seule définition de lui.
La méprise du “tout va bien”
Quand la scolarité est fluide et les crises rares, il est tentant de refermer le chapitre. Mais le haut potentiel n’est pas seulement une question d’intelligence. C’est une manière singulière de ressentir, de comprendre, de s’investir. Un enfant peut aller bien en apparence, tout en développant un faux-self discret — ce masque qui consiste à s’adapter parfaitement pour ne pas déranger.
Et ce masque risque fortement, tôt ou tard, de craquer.
Les signaux sont souvent faibles : fatigue émotionnelle, perte d’intérêt, anxiété diffuse, solitude intérieure. Rien d’alarmant au premier regard, mais révélateur d’un décalage non compris.
La peur d’en faire trop
De nombreux parents craignent qu’en cherchant à “comprendre le HPI”, ils se retrouvent prisonniers d’un nouveau rôle : devoir tout lire, tout savoir, tout anticiper. Mais accompagner un enfant HPI n’exige pas de devenir expert. Cela suppose simplement d’ajuster le regard. De relier les points entre ce que le test a révélé et ce que l’enfant vit réellement.
Ce n’est pas une tâche supplémentaire. C’est une lecture plus fine de ce qui est déjà là.

Donner du sens avant que la complexité ne s’installe
Un accompagnement après le test n’a rien d’un luxe. C’est une étape de clarification. Comprendre les écarts d’indices, les signes d’hyper-exigence, le rapport à la frustration ou à la justice : autant d’éléments qui peuvent, s’ils ne sont pas compris tôt, devenir des sources de souffrance plus tard.
Ce travail n’a pas pour but d’enfermer l’enfant dans une identité d’exception, mais au contraire de l’en libérer. Pour qu’il ne soit pas réduit à son score, ni à ses facilités, mais reconnu dans l’ensemble de son fonctionnement.
Un accompagnement pour relier, pas pour étiqueter
Un coach formé à la compréhension du haut potentiel peut aider à mettre des mots justes sur ce que le test suggère. Il ne s’agit pas d’interpréter le bilan à la place du psychologue, mais de traduire ses implications dans la vie quotidienne : comment soutenir la motivation, canaliser la pensée rapide, préserver l’estime, ajuster la communication. C’est un temps de mise au point, souvent bref, mais fondateur.
Comprendre le profil de son enfant, ce n’est pas lui coller une étiquette. C’est lui donner les moyens d’habiter sa singularité sans s’y perdre.
Pour aller plus loin
- Ai-je réellement compris ce que le WISC révèle sur mon enfant ?
- Est-ce que je cherche à le protéger de l’étiquette, ou à lui offrir la clarté dont il a besoin ?
- A quel point ai-je la crainte d’être déstabilisé si je parle du HPI avec un expert ?


