Chez certains parents, le moment du repérage HPI est vécu comme un soulagement. Enfin, une explication. Une clé. Une mise en cohérence d’années de tensions, d’incompréhensions ou de crises inexpliquées.
Chez d’autres, c’est un tremblement. Car si l’enfant est HPI, que dit cela du parent ? De ses attentes ? De ses blessures ? De ses propres zones floues ?
Et souvent, c’est les deux.
La découverte n’est pas une fin en soi. C’est une secousse.
Contrairement à ce qu’on imagine parfois, identifier un haut potentiel chez un enfant ne simplifie pas les choses immédiatement. Ce n’est pas un diagnostic médical, ce n’est pas une “bonne nouvelle” à distribuer, ni un fardeau à cacher. C’est une donnée à intégrer. Et cette intégration peut tout bouleverser.
Beaucoup de parents passent alors par des phases d’instabilité émotionnelle et cognitive :
- Une période de relecture rétroactive : on repense aux colères, aux questions incessantes, aux isolements… et on culpabilise.
- Une phase de projection : “je veux lui éviter ce que j’ai vécu”… qui peut vite devenir envahissante.
- Et parfois, un effondrement discret : ce que l’on croyait solide (notre posture éducative, notre couple, nos valeurs) se fissure.
Quand l’enfant devient révélateur
L’enfant HPI, par sa lucidité, son intensité et son besoin d’authenticité, agit souvent comme un miroir grossissant. Il démasque les incohérences. Il met à nu les non-dits. Il pousse à bout les systèmes de défense. Non pas par provocation, mais parce que son fonctionnement ne s’accommode pas des faux-semblants.
Face à cela, le parent peut :
- Se suradapter, au point de s’effacer.
- Ou au contraire durcir sa posture, par peur de perdre pied.
- Parfois même, entrer en conflit intérieur : “Et si c’était moi, aussi ?”… Une question vertigineuse.
La confusion entre similitude et symétrie
Lorsque le parent est lui-même HPI (identifié ou non), une confusion fréquente apparaît : croire que l’on va savoir intuitivement quoi faire, parce qu’on “fonctionne pareil”. Or, être parent ne relève pas de la compréhension logique du fonctionnement d’un enfant, mais de la qualité de lien que l’on tisse avec lui.
L’effet miroir peut alors devenir piégeant :
- Le parent projette ses blessures non résolues.
- Il croit bien faire, mais parle à son propre passé.
- Il oublie que l’enfant est une personne singulière, avec ses rythmes, ses seuils, ses ressources.
Il faut parfois accepter de ne pas savoir. Accepter d’écouter ce qui dérange. Accepter d’apprendre, autrement.
Une invitation à l’élucidation personnelle
L’annonce ou la découverte du HPI d’un enfant est une opportunité. Celle de revisiter ses propres schémas éducatifs, ses croyances, ses lignes de fuite. Pas pour se réinventer de toutes pièces, mais pour oser être plus juste, plus aligné, plus vivant dans la relation éducative.
Cela suppose :
- De sortir de la surfonction parentale.
- De nommer ce qui fait peur.
- De reconnaître ses propres besoins et ses limites.
Ce n’est pas un renoncement. C’est une ouverture. Pas une nouvelle mission, mais un nouveau rapport à soi, dans le lien.
Car être parent d’un enfant HPI, ce n’est pas faire mieux que les autres. C’est souvent faire autrement.
Et parfois, c’est se refaire soi-même un peu, pour faire place à l’autre.
Pour avancer de votre côté :
- Qu’est-ce que cette nouvelle information m’oblige à revisiter dans mon rôle de parent ?
- Que m’a-t-elle fait ressentir, cette découverte ?
- Ai-je tendance à vouloir “réparer” mon passé à travers mon enfant ?
