Quand on parle du faux-self des enfants à haut potentiel, on pense souvent à l’école : le regard des pairs, les attentes implicites, le besoin de se fondre dans le moule…
Mais ce mécanisme d’adaptation ne se construit pas uniquement à l’extérieur.
Il prend souvent racine à la maison. Là où l’enfant se construit, s’attache, se définit.
Le faux-self ne naît pas dans le vide
Le faux-self n’est pas un choix.
C’est une réponse. Une réaction à un environnement perçu comme contraignant, exigeant ou insécurisant.
Et dans bien des cas, ce sont les attentes parentales, même inconscientes, qui nourrissent ce besoin d’adaptation.
❗ Précision essentielle : il ne s’agit pas d’accuser.
Les parents font, dans l’immense majorité des cas, du mieux qu’ils peuvent.
Avec amour, avec inquiétude, avec leurs propres blessures aussi.
Mais parfois, des messages implicites, portés par des phrases anodines, viennent renforcer chez l’enfant l’idée qu’il ne peut pas être pleinement lui-même.
Des phrases du quotidien qui construisent un masque
Voici quelques exemples courants, et les interprétations silencieuses que l’enfant peut en faire :
✅ « Sois sage, fais plaisir, ne fais pas d’histoire. »
➡️ « Je dois être facile à vivre pour qu’on m’aime. »
✅ « Avec tes capacités, tu peux bien mieux faire. »
➡️ « Je dois réussir, sinon je perds de la valeur. »
✅ « Tu es trop sensible, il faut que tu t’endurcisses. »
➡️ « Ce que je ressens est inadapté. »
✅ « Avec tout ce qu’on fait pour toi, tu pourrais faire un effort. »
➡️ « Je dois être à la hauteur des sacrifices de mes parents. »
Ces messages ne sont pas toujours dits avec dureté.
Parfois, ils sont transmis par le ton, le regard, les silences, ou même par la pression que les parents mettent sur eux-mêmes.
Mais dans l’esprit de l’enfant, ils créent un système d’équation :
➡️ « Si je veux être aimé, je dois être conforme. »
➡️ « Si je veux exister, je dois mériter. »
Et petit à petit, le faux-self s’installe.
Ce que l’enfant apprend sans qu’on le veuille
Sans le vouloir, le parent peut en venir à valoriser le masque plus que l’enfant réel.
À applaudir la réussite plus que l’élan, le calme plus que l’expression, la conformité plus que l’authenticité.
Et l’enfant, intuitif, sensible, capte ces signaux.
Il ajuste.
Il sourit quand il est triste.
Il réussit quand il est épuisé.
Il devient ce qu’on attend.
Mais il ne se sent plus vu.
Que faire en tant que parent pour diminuer le faux-self de son enfant ?
Bonne nouvelle : ce masque n’est pas irréversible.
Et dès lors qu’on en prend conscience, il est possible de réparer, ajuster, réouvrir le dialogue.
Voici quelques pistes :
🛠️ Travailler sur ses propres peurs
Beaucoup d’injonctions viennent de l’anxiété parentale : peur de l’échec, du regard des autres, du jugement. Les identifier, c’est déjà les désamorcer.
🛠️ Apprendre à décoder les signes d’adaptation excessive
Un enfant toujours « parfait », qui ne s’autorise jamais à se plaindre ou à échouer, mérite qu’on s’interroge sur ce qu’il retient à l’intérieur.
🛠️ Laisser de la place à l’imperfection, au doute, à l’émotion
Lui montrer que l’erreur ne met pas en péril l’amour. Que la tristesse, la colère, l’ennui ont leur place dans le lien.
🛠️ Dire explicitement :
« Tu as le droit d’être comme tu es. Même quand c’est compliqué. »
Cette phrase, dite avec sincérité et répétée avec constance, peut faire tomber bien des armures.
En conclusion
Le faux-self des enfants HPI ne tombe pas du ciel.
Il naît dans les petits écarts entre ce qu’ils ressentent et ce qu’ils croient qu’on attend d’eux.
Mais avec de la conscience, de la patience et de la tendresse, on peut rouvrir la porte du vrai-self.
Et c’est peut-être le plus beau cadeau qu’un parent puisse faire à son enfant.
