Le harcèlement scolaire est un fléau pour un enfant parce qu’il agresse son identité et qu’il fait obstacle à son envie d’apprendre. Heureusement, le sujet est pris très au sérieux par les pouvoirs publics depuis plusieurs dizaines d’années maintenant. Cependant, sur le terrain, la pression ne diminue pas autant qu’on le voudrait. Les enfants à haut potentiel sont des proies de choix pour les harceleurs. Voici quelques pistes pour prévenir le harcèlement chez eux.
Valider l’identité de l’enfant
Le harcèlement scolaire repose en partie sur l’incapacité de la victime à se défendre face aux moqueries répétées. L’un des conseils que nous donnons régulièrement aux enfants pour ne pas en souffrir est de feindre l’indifférence. Facile à dire mais difficile à faire, même pour un adulte.
Néanmoins, un enfant qui est “bien dans ses baskets”, qui connaît une bonne partie de sa personnalité et qui assume quelques grandes caractéristiques de son fonctionnement trouvera la force de ne pas se sentir blessé par les moqueries. Parce qu’il ne ressentira aucune gêne à être lui face à son harceleur.
Des pistes pour y arriver
- expliquer les caractéristiques et le fonctionnement du Haut Potentiel, parce que chacun est différent et qu’être HPI n’est ni une maladie ni un choix. C’est un fait et rien n’empêche de bien le vivre.
- sortir de l’étiquette et des idées préconçues qui ont la vie dure. On ne répètera jamais assez que les personnes à Haut Potentiel peuvent certes mener des projets complexes. Mais ce ne sont pas obligatoirement des génies, ils n’ont pas tous de très bonnes notes sans travailler et leur fonctionnement cognitif n’est une supériorité d’aucune sorte. Reproche-t-on à l’oiseau de savoir voler ?
- admettre l’identité cognitive de son enfant. Dans mes accompagnements de parents, il arrive toujours un moment où je prends la peine de placer une évidence : l’enfant à Haut Potentiel ne pense pas comme la majorité des enfants, il ne mène donc pas une scolarité comme eux (sauf à réclamer de gros efforts d’adaptation pendant toute son enfance) et ses critères de vie sociale ne sont souvent pas conformes aux standards de sa société.
Admettre la spécificité de sont enfant quand on est parent est un atout majeur pour son équilibre psychique et son développement affectif. Ce regard particulier de ceux qu’il aime lui donnera également une grande partie de l’assurance nécessaire pour désactiver la toxicité du harceleur.
Déconstruire la mécanique du harcèlement
La mécanique du harcèlement repose à la base sur un rejet face à la différence, ce qui explique en partie pourquoi les HPI sont souvent pris pour cibles. Imaginons alors un instant que votre enfant soit pleinement conscient que c’est sa différence qui provoque, souvent inconsciemment, l’animosité du harceleur. C’est celui qui se moque qui a un problème avec ça, n’est-ce pas ? Un enfant qu’on traite d’intello n’est pas responsable des mauvaises notes de celui qui l’insulte. Si votre enfant comprend que la moquerie ne dit rien sur sa personnalité mais dit tout de celle du harceleur, il est probable qu’il n’y donnera finalement pas tant d’importance que ça
Valorisez les relations sociales de qualité
Les enfants ne réagissent pas au harcèlement aussi parce qu’ils ne veulent rien faire pour se couper de leur groupe d’âge. Ils intègrent très souvent que les moqueries font partie du jeu social pour avoir des copains. Cette “popularité” est bien évidemment illusoire. Elle engendre non seulement des événements douloureux mais également des déceptions qui minent les relations sociales en général.
Expliquer en adulte qu’être intégré dans un groupe, c’est avoir des relations sincères avec des personnes qui se respectent et qui ont des sujets communs. A terme, votre enfant donnera sa confiance et son amitié à ceux qui les méritent. Ainsi, il n’aura aucune difficulté à affronter un adversaire temporaire devant tout le monde puisqu’il se sentira épaulé par son propre groupe d’amis.
Level Expert
Je termine cet article avec mon conseil pour atteindre le niveau “expert” dans la prévention du harcèlement : la médiation. Pour ceux qui lisent mes articles sur le harcèlement, vous connaissez mon point de vue sur la psychologie du harceleur. C’est une personne avec une souffrance intérieure qui martyrise les autres pour la diminuer. La meilleure approche consiste alors à renforcer son empathie.
A terme, enseigner les principes de la médiation à votre enfant lui permettra de désamorcer l’évolution d’un conflit personnel en harcèlement. Vingt ans de pratique de la médiation avec des enfants de 7 à 15 ans ont fini de me convaincre qu’il n’y a rien de plus efficace pour apprendre le vivre ensemble quand ça grippe. Et cerise sur le gateau : il n’y a jamais de représailles après une médiation réussie.
Si vous souhaitez commencer à vous informer sur la médiation, je vous conseille de consulter la page suivante et si vous êtes intéressé(e) par la médiation par les pairs, cette page du réseau Canopé est très claire.