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Quand le rejet commence chez soi : la famille face au HPI


On croit souvent que la maison est un refuge. Que l’amour parental protège de tout. Que si l’école, les amis ou la société sont sources de tension, la famille rééquilibre, répare, contient. Mais pour certains enfants et adolescents à haut potentiel, la première forme de rejet vient de l’intérieur.

Non pas d’un rejet brutal ou volontaire, mais d’une incompréhension diffuse, parfois constante, qui s’infiltre dans le quotidien. Ce rejet, parce qu’il est silencieux et qu’il vient des siens, est d’autant plus douloureux qu’il est vécu comme une trahison : “même chez moi, je ne suis pas à ma place”.

⚠️ Ce texte n’a pas pour objectif de pointer des fautes ou d’accuser les familles. Il vise à mettre en lumière un phénomène souvent invisible : celui d’un rejet non intentionnel, lié à un décalage de fonctionnement, pas à un manque d’amour. Comprendre ces dynamiques, c’est déjà commencer à réparer, et à rétablir une communication plus juste.
Chaque parent fait de son mieux avec ce qu’il sait, ce qu’il ressent et ce qu’il vit. Cet article propose des pistes de compréhension, pas un jugement.

Une famille aimante, mais débordée par la différence

La plupart du temps, il ne s’agit pas d’un manque d’amour. Il s’agit d’un décalage de codes, de rythmes, de perceptions. Le jeune HPI peut paraître trop intense, trop bavard, trop sensible, ou à l’inverse trop froid, trop distant, “pas normal”. Il remet en question, il veut comprendre, il n’accepte pas les incohérences, il dérange le non-dit.

Dans certaines fratries, l’enfant HPI devient “celui qui prend trop de place” ou “celui qui fatigue tout le monde”. Il reçoit des messages implicites de désajustement : “Tu compliques tout”, “Pourquoi tu ne fais pas comme les autres ?”, “On ne peut jamais rien te dire”.

Parfois, malgré l’amour, la fatigue ou l’incompréhension l’emportent, et l’enfant peut se sentir perçu comme une charge. Non pas parce qu’il ne serait pas aimé, mais parce qu’il reste mal compris.

Un rejet sans mots, mais pas sans effets

Le rejet familial n’est pas toujours verbal. Il passe par le soupir agacé à la énième question existentielle, l’inattention aux émotions fortes (“tu dramatises”), l’absence d’écoute active, la moquerie affectueuse mais blessante, ou simplement l’indifférence.

À force, l’enfant ou l’ado comprend qu’il doit se contenir pour préserver l’équilibre familial. Il évite de déranger, de trop dire, de trop être. C’est ainsi que s’installe, parfois très tôt, un auto-effacement à domicile, un repli défensif dans une maison où il n’y a pourtant pas de violence. Ce qu’il vit, ce n’est pas l’abandon, mais l’absence de reconnaissance émotionnelle.

Quand le foyer devient, sans le vouloir, un lieu d’ajustement identitaire

Pour ces enfants, l’école n’est pas toujours le premier endroit où le faux self se met en place. C’est la maison.

Ils apprennent à ne montrer qu’une partie d’eux-mêmes : la plus acceptable, la moins exigeante. Ils apprennent à ne pas tout dire, à ne pas “faire de vagues”, à contrôler leur enthousiasme ou leur besoin de profondeur. Ils développent très tôt un self contraint-réactif, non pas pour se faire aimer, mais pour ne pas déranger ceux qui les aiment.

Et ce glissement est subtil : il ne repose pas sur un rejet visible, mais sur un ajustement constant à un environnement qui, bien qu’aimant, ne comprend pas ce qu’il voit.

Et ensuite ?

Le rejet familial non assumé peut créer chez le jeune HPI une forme de solitude existentielle très précoce. Il apprend à penser seul, à ressentir seul, à douter seul. Il devient indépendant trop tôt, ou au contraire dépendant affectivement de ceux qui ne le reconnaissent pas vraiment.

Ce qu’il cherche, ce n’est pas qu’on l’aime plus. C’est qu’on le reconnaisse tel qu’il est.

💡 Si vous êtes parent et que ce texte résonne douloureusement, sachez ceci : ce que vous avez peut-être raté de voir, vous pouvez toujours commencer à l’écouter. Aucun enfant n’attend des parents parfaits, seulement des adultes qui cherchent à comprendre ce qu’ils n’avaient pas vu jusque-là. Il n’est jamais trop tard pour réajuster le lien.

À suivre…

Le prochain article abordera un autre lieu de tension silencieuse : le monde professionnel. Là où les adultes HPI, même compétents, peuvent se sentir de trop, ou à côté, dans des environnements qui valorisent l’effacement plutôt que l’intensité.


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