Un enfant HPI peut être curieux, sensible, drôle, vif, passionné…
Et pourtant, il peut se montrer discret, conformiste, effacé.
Pourquoi ce décalage entre ce qu’il est et ce qu’il montre ?
Parce qu’il a compris très tôt que son intensité dérangeait.
Trop émotif. Trop rapide. Trop passionné.
Alors il s’adapte.
Il se protège.
Et il se construit un faux-self.
Qu’est-ce que le faux-self ?
Le faux-self, c’est un masque.
Une façade que l’enfant HPI met en place pour être accepté, éviter les jugements ou le rejet.
Il ne cherche pas à tromper : il cherche à survivre socialement.
Mais à force d’endosser ce rôle, il finit par s’oublier.
Il devient ce que l’on attend de lui, au détriment de ce qu’il est vraiment.
Les signes qui doivent alerter
Un enfant en faux-self n’est pas forcément en échec scolaire.
Il peut même très bien réussir. Et pourtant…
- Il semble éteint malgré de bons résultats.
- Il dit que « tout va bien », alors que son attitude raconte autre chose.
- Il évite de parler de ses centres d’intérêt profonds.
- Il paraît constamment sur le qui-vive, comme s’il jouait un rôle.
Ce n’est pas de la maturité.
Ce n’est pas de la timidité.
C’est un effort constant pour s’ajuster, quitte à s’effacer.
Les conséquences d’un faux-self installé
Ce masque, à la longue, pèse lourd.
Et plus l’enfant le porte longtemps, plus les impacts peuvent être profonds.
- Perte de repères internes : l’enfant ne sait plus ce qu’il ressent vraiment.
- Fatigue psychique : jouer un rôle en permanence, c’est épuisant.
- Estime de soi fragilisée : il pense qu’on l’apprécie pour ce qu’il montre, pas pour ce qu’il est.
- Risque de rupture brutale : à l’adolescence ou à l’âge adulte, le faux-self peut craquer. Cela peut mener à un burn-out scolaire, à une crise identitaire, voire à une dépression.
J’ai accompagné des enfants qui avaient tout pour réussir… et qui s’effondraient sans signe extérieur.
Leur souffrance n’était pas visible.
Parce qu’elle était bien camouflée.
Comment aider un enfant HPI à retrouver son vrai-self ?
La bonne nouvelle, c’est que ce lien à soi peut se reconstruire.
Avec du temps, de la patience et un cadre bienveillant, l’enfant peut petit à petit se reconnecter à ce qu’il ressent, à ce qu’il aime, à ce qu’il veut.
Voici quelques leviers simples, mais puissants :
✅ Créer un climat de sécurité affective
L’enfant ne peut pas être lui-même s’il se sent jugé ou en permanence évalué. Il a besoin de sentir qu’il a le droit d’être intense, maladroit, différent.
✅ Valoriser sa singularité
Pas seulement ses notes ou ses performances, mais aussi sa créativité, son humour, sa sensibilité, ses idées originales.
✅ Accueillir ses émotions sans les minimiser
Lui dire « tu réagis fort » est différent de « tu exagères ».
Les émotions sont une boussole intérieure. Si on les éteint, on perd le cap.
✅ Offrir des espaces d’expression libres
Jeu, dessin, écriture, discussions sans enjeu : autant d’occasions de reconnecter avec soi, sans pression.
✅ Donner de l’autonomie, laisser prendre des décisions
Un enfant en faux-self n’ose plus choisir. Il attend les consignes implicites. Lui redonner ce pouvoir — même sur de petits choix — l’aide à retrouver sa volonté propre.
✅ Être un miroir bienveillant, pas un moule
L’enfant HPI a une perception fine des attentes non dites. Plus l’environnement est ouvert et authentique, plus il peut lui aussi se montrer tel qu’il est.
Le faux-self n’est pas un caprice.
Ce n’est pas une fragilité.
C’est une stratégie de protection qui a parfois trop bien fonctionné.
Mais ce n’est pas une fatalité.
Avec le bon accompagnement, l’enfant peut enlever le masque, reconnecter avec lui-même, et retrouver le plaisir d’exister pleinement.
Pour aller plus loin : https://shs.cairn.info/penser-la-crise–9782804174316-page-19?lang=fr
En savoir plus sur incluZive
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
